Beaucoup de musiciens de talent (hommes et femmes) ont contribué à l’évolution du Jazz. Nina Simone fait partie de ces talents féminins à travers lesquels cette musique s’est répandue. Focus sur la vie de cette grande pianiste et chanteuse, sur ses engagements, ainsi que son implication dans l’évolution du Jazz.
Des débuts de carrière prometteurs
Née le 21 février 1933 à Tryon en Caroline du Sud (USA), Nina Simone, de son nom de baptême Eunice Kathleen Waymon, est la 6e d’une fratrie de huit enfants. Venue au monde au sein d’une famille très religieuse, elle tient de son père son attirance pour la musique.
Très tôt, elle commence son apprentissage du piano notamment grâce à la générosité des voisins qui ont cru en elle. Son rêve est de devenir la première concertiste classique noire en Amérique. Elle s’exerce et se prépare méthodiquement pour entrer au prestigieux Institut Curtis de Philadelphie, mais échoue à l’examen d’entrée.
Déçue, elle continue toutefois la musique en se produisant comme pianiste et chanteuse dans des cabarets d’Atlantic City tout en continuant ses études à la Juilliard School of Music. Son répertoire est déjà bien riche à cette époque et se compose de chansons :
- Gospel,
- Soul,
- Classique.
Son premier contact avec d’autres styles de musiques et notamment le Jazz se fait entre 1955 et 1957. C’est à cette même période qu’elle enregistre son premier tube « I Love You, Porgy » un véritable succès. Elle part s’installer à New York où elle déroule son répertoire dans diverses salles de Greenwich Village. Ce répertoire est désormais beaucoup plus éclectique. Il comporte des chants africains, du Folk, des morceaux classiques et bien sûr du jazz.
Une carrière musicale Jazz et un engagement civique
Nina Simone est dotée d’une voix impressionnante et conquiert tous les publics devant lesquels elle joue. À partir de l’année 1957, son répertoire s’élargit. Elle sort notamment son premier album de 14 titres intitulé Little Girl Blue avec le label Bethlehem.
Plusieurs albums vont succéder à ce dernier. La plupart d’entre eux comportent des titres aux styles différents, mais le Jazz est toujours bien présent. Par ailleurs, lorsqu’elle se produit sur scène, elle est accompagnée de plusieurs autres musiciens. Notez que de 1957 à 1963, elle continue de signer avec des labels pour se faire de l’argent et poursuivre ses études.
C’est également durant cette période que son engagement envers les droits civiques pour les noirs s’affirme encore plus. Rebelle, elle ne croit pas au changement de mentalité sans engagements véritables. Sa conscience politique s’affermit et ressort notamment dans plusieurs de ses titres de jazz tels que :
- Mississipi Goddam,
- Old Jim Crow,
- Strange Fruit,
- Let it all Out,
- I put a spell on You, etc.
Il faut noter qu’elle travaille parfois en collaboration avec d’autres artistes de Jazz tels que Billie Holiday, Billy Taylor, Eugene Taylor, Myriam Makeba, etc. En 1970, sur son album Black Gold, elle chante une chanson pour les droits civiques inspirée d’une pièce de théâtre intitulée To be Young, Gifted and Black.
Cette chanson sera reprise en 1972 par Aretha Franklin et Donny Hathaway. La chanteuse n’a pas peur d’affirmer durant ses concerts devant des publics composés de blancs son appartenance à la communauté afro-américaine et revendique surtout le droit de faire une musique qui s’inspire de ses origines.
Pianiste, chanteuse, auteur et arrangeuse : un héritage incroyable
Finalement, Nina Simone aura largement dépassé son rêve de petite fille, car elle est devenue une icône en matière de musique jazz. Son style unique qui englobe tant d’inspirations différentes dont le Jazz l’a rendue célèbre. Bien que n’ayant pas connu un succès trop affiché même au moment de son apogée en tant que chanteuse, l’héritage musical qu’elle a laissé à sa mort en 2003 est universellement reconnu.
Plusieurs artistes contemporains comme Kanye West, Beyoncé, John Legend ou Alicia Keys la citent comme une source d’inspiration pour leur musique. Notez aussi que plusieurs films comportent des compositions de Nina Simone. Par sa voix et son talent, elle a largement contribué à répandre la musique jazz dans le monde. De plus, son influence en tant que chanteuse et militante politique perdurent jusqu’à aujourd’hui.
Pour preuve, un article paru dans A biographical guide to the great jazz and pop singers lui attribue le rôle le plus important dans son influence sur le Jazz au XXe siècle. D’ailleurs, Barack Obama a cité « Sinner Man » de Nina Simone parmi ses dix titres préférés à l’occasion de sa candidature à la présidentielle en 2008.